“Efficacité” de la formation : les ressorts d’un renoncement historique.

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Les dernières réformes furent autant d’opportunités ratées pour repenser les modèles culturels et idéologiques classiques, toxiques, qui dominent la formation en entreprise et en dégradent puissamment la productivité.
Dirigeants et appareils de formation auraient pu réexaminer les solutions concrètes, décalées, moins coûteuses, que nous leur proposions depuis des décennies  afin d’optimiser la production et le développement de compétences vraiment opérationnelles ?

« Avez-vous déjà songé qu’à l’issue de ce stage tout participant sera tout à fait capable de rester… INCOMPETENT ? ».

Je posais déjà la question en tête de mon premier support commercial au début des années 90 « Lettre ouverte aux commanditaires de formation ». Elle reste malheureusement d’actualité.Lire la suite

PISA : l’école (encore et toujours) malade de ses mauvais profs et de l’incurie de sa gouvernance

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J’ai publié cet article pour la première fois en 2013. Neuf ans plus tard, rien n’a bougé ! Ou plutôt si, les distorsions se font nettement agravées avec le COVID…

Le tabou devait être brisé ! Tout le monde tourne autour du pot, y compris les journalistes.

Notre école est malade et on regarde partout pour en trouver la cause ainsi que le remède, dans les rythmes, les programmes, les moyens, les méthodes, l’évaluation, etc.
Mais personne n’ose mettre le doigt sur la raison essentielle de cette Bérézina : les pratiques pédagogiques et sociales d’une grande partie du corps enseignant sont globalement désastreuses. On le prend avec des pincettes, on le contourne, on louvoie, on ne peut plus du tout le mettre en cause. Au fil des ans il est devenu intouchable.

50 ans après, les mêmes.

Ça ne date pas d’hier. J’avais 15 ans en 1964. A l’époque, sur une vingtaine de profs dans mon bahut, il en avait un super, deux bons, deux très corrects, et le reste allait du cossard au fondu, en passant par le maniaco-dépressif, le dominant agressif un brin sadique, l’alcoolique notoire, le facho malade du pouvoir, les médiocres qui faisaient là du tourisme statutaire rémunérateur à défaut d’autre chose, le pseudo expert ou la foldingue surexcitée, etc.

En 2013,  mes deux gamins qui avaient 14 et 16 ans ne s’en tiraient pas trop mal. Me croirez-vous si je vous dis qu’un demi-siècle après-moi, ils subissaient, d’une année à l’autre, (trait-pour-trait)  le même bestiaire : de trop rares pédagogues, des techniciens laborieux, des très moyens diversement égocentriques, et une queue de comète de planqués, de mauvais, voire parfois d’imbéciles, de pauvres –types, de méchants ou d’incompétents ?

Si, deux choses ont changé ! Les sévices corporels ont quasiment disparu ; cela-dit, les sévices psychologiques n’ont pas régressé.

Et internet est arrivé. Avec quinze ans de retard, les profs s’y sont vaguement habitués. Les plus paresseux, qui de mon temps dupliquaient les mêmes polys pendant des décennies, ont découvert qu’ils pouvaient en faire encore moins.

Leur grand truc étant désormais de donner un devoir sous la forme de questions hors cours : aux élèves d’aller chercher les réponses sur le web. Eux-mêmes y trouvent d’ailleurs des cours et leurs supports tout faits.

Mais pour le reste, c’est-à-dire les conduites éducatives, les relations avec les élèves, la pédagogie employée, l’aide aux plus faibles, la pertinence de l’évaluation, rien n’a évolué !Lire la suite

La formation en entreprise : archaïque poubelle magique ?

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Si certains services de formation sont très avancés, de nombreuses entreprises continuent à maltraiter leur formation et à en abuser. Extrait de l’opus II de Coups de pied aux cultes du management, en cours de rédaction.
« Vos collaborateurs ne sont pas très performants. Ils ont sûrement des lacunes. Vous devriez les envoyer en stage pour les remettre à niveau »
Idée reçue : Quand un collaborateur ne fait pas bien son travail il faut évidemment lui faire suivre une formation.

Du bourrage de fichiers dans les disques mous.

Ça tombe sous le sens : c’est d’abord et surtout à la formation qu’il appartient de développer les compétences des collaborateurs.
De très nombreux ouvrages ont été écrits sur la compétence et le rôle du management dans son développement. Mais il faut croire qu’ils étaient rédigés en martien ou que la majorité des managers et une partie des responsables RH ont soigneusement évité de les lire car cette idée reste bien ancrée, y compris dans les entreprises qui ont tenté de responsabiliser leurs managers sur ce point.
A leur décharge, il convient de remarquer que la notion de compétence reste très généralement confondue avec celle des savoirs (et au mieux des savoirs-faire).  Voir l’article suivant. 
Dans les mêmes esprits, on continue de considérer la formation comme une sorte de fourniture : il suffirait de  déverser du savoir dans les yeux et les oreilles des managés – stagiaires pour remplir leurs cerveaux de compétences.

C’est magique !

Le management envoie donc ses collaborateurs en formation comme on enverrait une personne en surpoids notable chez un nutritionniste, pour la faire maigrir de quinze kilos ; mais on aimerait y parvenir en deux jours seulement ! Comme il y a beaucoup de matières différentes à acquérir, ce genre de procédé est reproduit en toutes occasions.Lire la suite