Archaïsmes

Temps de lecture : 6 minutes

SMARTPHONE : INCIVILITES & INEPTIES

Un article de Pierre Massot

http://www.pierremassot.fr

 

ARTICLE 3

Archaïsmes

Illustration : Louis Bouxom

 

EVALUATION DE VOTRE BOSS

Quand votre boss a une demande urgente et importante à vous faire :

A  Quand c’est super urgent-important, il a tendance à doubler l’action : SMS ou e-mail + conversation directe juste après

B   S’il peut, il vient vous voir, essaye de mettre les formes. Il évite de mettre trop la pression

C  Message URGENT en rouge + demande d’accusé de réception par SMS cinq minutes plus tard

D  Il peut le faire à 18.00 heures le dimanche et gueuler le lundi matin en arrivant s’il n’a pas eu sa réponse

 

 

Une définition pour mémoire :

Archaïsme : ancienneté, imitation des anciens. Est archaïque un mot, une façon de faire qui n’est plus en usage. L’archaïsme devrait avoir affaire avec l’archéologie, la préhistoire.

Le Grand Robert de la langue française

Commentaires sur la réponse au questionnaire :

Vous avez choisi  B :

Voilà un chef comme on aimerait tous en avoir ! Qui tient son rôle d’amortisseur pour la pression. Et qui semble privilégier la « vraie vie », le contact humain à la technologie, surtout quand ça chauffe ! Faites votre possible pour le garder …

Vous avez choisi  A  :

Vous avez sans doute affaire à un(e) patron(ne) qui apprécie l’efficacité et la performance. Et qui utilise les outils à sa disposition. Le SMS signale que tout le monde doit être sur le pont ! Dès lors que ce n’est pas abusif, ce n’est pas critiquable. Et il semble que l’équilibre entre communication numérique et verbal soit globalement respecté.

Vous avez choisi  C :

Vous êtes certainement habitué(e) aux injonctions du grand chef  à plumes ! Il utilise le smartphone comme haut-parleur. Comme vous avez remarqué que ses intérêts priment sur les vôtres, il faut vous souhaiter d’avoir trouvé un accommodement face à cette dominance. Souvenez-vous qu’une batterie peut accidentellement être déchargée …

Vous avez choisi  D :

Vous subissez les dérives managériales les plus archaïques. Juste au-delà, il y a le harcèlement. Le smartphone professionnel n’est plus un fil à la patte, c’est la chaîne d’un(e) bagnard(e). Vous n’êtes pourtant pas un(e) criminel(le) ! Songez à sauver votre peau.

BONJOUR LA REGRESSION AVEC LES SMARTPHONES !

Lire la suite

Parité en trompe-l’œil du premier gouvernement Macron

Temps de lecture : 6 minutes

J’avais publié cet article en mai 2017. Il a été simplement mis à jour pour partie au passé. 

le machisme triomphant grossièrement « revisité ».

Sans sa Ministre des Armées, cette « équipe » aurait été une parfaite caricature de la pérennité des dominances machistes aux sommets des organisations. Une patronne des Armées, ça semble osé. Ça fait moderne.

Dans ce gouvernement les femmes sont aussi nombreuses que les hommes mais en termes de pouvoir elles sont en position clairement subalterne. Celle des armées, unique ministre “régalien” (officiellement), est bien isolée dans une armée de mâles à tous les postes clés, dont les Ministres d’Etat et les détenteurs des ministères à portée politique et électorale : président de la république, premier ministre, intérieur, affaires étrangères, budget, finances, économie, justice, super environnement, éducation, agriculture, porte-parole…Lire la suite

Entre vous et votre nuisible, lequel conditionne l’autre ?

Temps de lecture : 5 minutes

La relation professionnelle avec un nuisible tourne souvent à la guerre de positions.

Il s’instaure un rapport de force où soit l’autorité, soit le nuisible, parvient à imposer ses règles, ses critères. Malheureusement, au grand jeu du conditionnement réciproque, c’est souvent l’autorité qui finit par céder et reculer. Voyons comment la situation se crée et perdure au profit de l’un ou de l’autre.

Cet article fait suite à une série d’extraits de l’ouvrage « Gérer les personnalités difficiles au quotidien ».

Au chantage relationnel, le nuisible en préfère un autre, plus puissant : le chantage sur les faits.
Herluin ne supporte pas les ordres ; son bonheur est de n’en faire qu’à sa tête. Dès qu’on lui impose une tâche, il la sabote : c’est sa façon à lui de faire comprendre qu’il ne faut l’obliger à rien.

Conditionnement du tenant de l’autorité par le nuisible

Lire la suite

Quand Gribouille est aux commandes : la stratégie politique en miettes.

Temps de lecture : 13 minutes

J’avais publié cet article à la fin du précédent quinquenat. Il n’a malheureusement pas pris une ride. Quelques ajustements de détails ont suffit à le rafraîchir.

« Gribouille est un personnage populaire qui se jette à l’eau par peur de la pluie » nous dit Wikipédia. L’errance stratégique consiste à se mettre dans des situations inextricables, dont les effets sont pires que ceux des évènements qu’on souhaite éviter.
S’il en faillait un modèle, le meilleur serait la conduite de la chose publique par nos actuels gouvernants comme par leurs prédécesseurs. La réforme territoriale, l’écotaxe, celle des retraites, la relance du nucléaire, etc. ne sont pas des gribouillages isolés. Sur la quasi-totalité des sujets abordés, l’état donne l’exemple d’une mauvaise danse échevelée  et chaotique où la cacophonie le dispute à la précipitation.

Considérations tacticiennes et bricolage politique

Par essence la stratégie est une construction, un moyen structurant d’atteindre des objectifs prédéterminés, une composition cohérente de principes d’action. Normalement, elle tient lieu de règle de conduite dans la durée. Son efficacité potentielle est intimement liée au respect de sa substance comme de ses formes. Autrement dit, la réalisation des buts exige qu’on s’y tienne d’un bout à l’autre. Sans faillir. C’est un pari qui ne peut réussir sans constance.

Or, nos gouvernants font tout le contraire.Lire la suite

Discipliner le comportement des « managés » vis-à-vis de l’autorité.

Temps de lecture : 14 minutes

Il est assez banal de traiter des pratiques d’autorité, beaucoup plus rare de chercher à les discipliner dans une politique de management volontariste. Mais il est quasiment impensable de trouver une organisation qui tente de mettre un ordre formel dans les comportements d’obéissance attendus, ou pour le moins d’adéquation des comportements professionnels aux actes d’autorité.

Jachère d’entreprise.

Considère-t-on que l’encadrement des comportements sous l’autorité ’est réservé aux petits enfants, que les adultes sont nécessairement uniformément « éduqués » et pétris de l’esprit de conformation aux exigences des hiérarchies ?
Pourtant oh combien d’organisations rament douloureusement face à des salariés pour le moins résistants et dont les conduites sous l’autorité sont extrêmement variables !
Pourtant toutes les organisations n’ont ni la même  philosophie, ni les mêmes contraintes, ni les mêmes valeurs.
Mais aucune, ou presque, n’ose, ou ne songe à mettre en place un cadre de réquisition a minima sur la façon dont ses personnels (de tous niveaux) doivent réagir aux demandes et aux décisions de leurs managers N+1.
A défaut, chacun mène SA vie, enfreint plus ou moins des usages très vaguement implicites, se conforme comme il le sent à des règles intuitives. En l’occurrence, les managers de premier niveau (surtout ceux-là)  sont livrés à eux-mêmes : qu’ils s’en débrouillent !
On parle haut de « culture d’entreprise ». Mais ce paramètre est stupidement et très hypocritement laissé à l’état sauvage, aiguisant considérablement la difficulté du management.
En attendant que l’entreprise ait le courage de déployer une politique de management ambitieuse, développant particulièrement ce volet, voici de quoi faire l’état des lieux en la matière des comportements de vos collaborateurs, partenaires, hiérarchiques… et des vôtres.Lire la suite

Usage de l’information et exercice du pouvoir.

Temps de lecture : 11 minutes

Cet article propose un outil simple de mesure des niveaux de pratiques de l’information pour vous calibrer, puis vos collaborateurs, ainsi que votre manager direct, votre hiérarchie et vos partenaires. Les résultats vous donneront directement l’état probable de votre business…

Les pratiques de gestion de l’information et de communication sont très significatives des personnalités sociales et particulièrement de la qualité du management. Elles peuvent avoir des effets directs et indirects, très puissants, sur l’optimisation ou sur la dégradation des processus et des affaires.

Pourtant, de façon extrêmement surprenante, certaines entreprises permettent à des cohortes de managers et de personnels d’en jouer à leur guise, sans règle ni garde-fou. Parfois la gouvernance donne le ‘la’ des modes les plus toxiques.

Cet article fait suite à un précédent : Optimisation des conduites professionnelles : une solution innovante et pragmatique.
Son contenu est extrait de mon premier ouvrage, coécrit en 1997 avec Pierre Massot, « Conduites professionnelles, conduites de management ». Il est épuisé mais il nous en reste pour les amateurs.
La démarche utilisée est fondatrice de la technologie originale des « Echelles de niveaux de pratiques » présentée dans un autre article. Développement, discipline et évaluation des comportements professionnels

Lire la suite

Le Staff : la camisole du dirigeant “jupitérien”

Temps de lecture : 8 minutes

J’observe les dirigeants, patrons, élus, depuis cinquante ans, dont plus de trente comme consultant. Quand on voit le nombre de faillites et d’échecs, d’entreprises qui  périclitent ou qui ne parviennent jamais à se débarrasser de leurs travers, force est de constater que la position ne garantit ni la compétence ni la réussite.
La gouvernance des entreprises et autres organisations de toutes sortes est un art pour le moins difficile. Le dirigeant est soumis à quelques problématiques inhérentes à sa position, qui, s’il ne les maîtrise pas, peuvent l’amener dans des égarements lourds de conséquences.Lire la suite

La performance scolaire aux antipodes de l’emploi.

Temps de lecture : 9 minutes

Les jeunes adultes diplômés des grandes écoles sont de plus en plus nombreux à échouer dans leur recherche d’emploi. Auparavant, ceux qui sortaient brillamment de leurs études supérieures trouvaient relativement rapidement un emploi correspondant à leur niveau, dans leur cadre d’orientation.

Désormais, seule une infime minorité peut vraiment compter sur son classement au sommet des concours pour obtenir une embauche quasi automatique, leur permettant de se projeter dans un job prestigieux.

Galère

Pour tous les autres c’est la galère. Peu s’en sortent comme ils le souhaitaient.
Certains disposent pourtant d’emblée de contacts qualifiés, propulsés par les réseaux familiaux de parents installés. Ils peuvent également s’appuyer sur les ressources parentales pour faire face aux frais de toute nature, pour assurer leurs inscriptions, leur hébergement, leurs déplacements au bout du monde. Ceci ne leur garantit pas pour autant la réussite.Lire la suite

Service public : non, un administré n’est pas un client !

Temps de lecture : 9 minutes

L’usager, administré, assujetti, est parfois diversement traité par les institutions régaliennes, collectivités territoriales et autres établissements publics auxquels il est forcément rattaché.

De plus en plus souvent les directions de ces structures tentent d’amener leur niveau d’accueil et de service à celui des organisations privées. C’est louable.

De là à se mettre à « penser client » il n’y a qu’un pas, qu’à mon avis il ne faut surtout pas franchir.

C’est une ornière, voire une faute politique et stratégique, de vouloir à toute force appliquer la notion de « relation client » aux activités de service public, associatives et institutionnelles en tous genres.

Cela dénote en fait une absence de pensée politique spécifique à la notion de service public et/ou social.

L’administré n’est pas un client :

  • Il ne maîtrise pas son acte d’usage comme le client maîtrise son acte d’achat, c’est le contraire, il est obligé de se conformer et de « payer »,
  • Il ne s’autodétermine pas à titre individuel dans la transaction, il est désigné à titre collectif par des caractéristiques sociales retenues arbitrairement, il est impliqué en tant que population type,
  • Il ne choisit pas un « fournisseur » qui il lui est imposé. Il ne peut pas se passer de telle ou telle structure, il est totalement dépendant : en tant que « bénéficiaire », il ne peut rechercher la moindre concurrence,
  • Il ne dispose d’aucune marge d’influence sur la prestation, ses paramètres, ses dimensions, ses modalités, etc.,
  • Dans la logique client, la ressource de prestation est partiellement construite  par l’accumulation des actes vendus ; dans une logique institutionnelle c’est l’inverse : plus on consomme plus la ressource s’épuise,
  • Le profit financier (de propriétaires ayant un intérêt supérieur à la qualité du service) n’est pas la finalité ultime de la structure.

Le client veut et peut. Il choisit, il est libre et puissant. L’administré est dépendant !Lire la suite

Non, un collaborateur n’est pas un « client »

Temps de lecture : 8 minutes

J’ai découvert il y a longtemps, avec effarement, que certains cabinets font la promotion d’une démarche où les fondements de la “relation client” serviraient de modèle au management ! La « culture client » érigée en ressource du développement des pratiques managériales ! cette idée refait surface régulièrement.
La culture managériale des entreprises qui achètent une telle ineptie serait-elle donc, à ce jour encore, si pauvre ?

Commerce = “commerce” = management.

Cette approche se fonderait principalement sur l’individualisation et la personnalisation des relations, l’écoute et l’attention portée à l’autre, sa valorisation, l’investigation et la particularisation du contenu des échanges.
Autrement dit, le tout petit bout de la lorgnette d’un management tout entier confondu avec « rapport humain », dans un contexte supposé de relation libre.
Peut-être, cet égarement  relève-t-il de la facilité d’une confusion sémantique autour du mot « commerce », pris comme activité de vente et/ou pris comme relation entre personnes ? Bon, on peut toujours faire plus simpliste, mais là on est tombé bien bas dans le paquet de ficelle grossière.

Encore une fois, on creuse l’ornière qui tend à réduire la problématique du management à la seule dimension de la relation individuelle.

Et, pour satisfaire des figures de fausse cohérence, on force des mélanges aussi stupides qu’artificiels.

Pouvoir changer de crèmerie.

Par essence, ce qui caractérise un client c’est d’abord qu’il peut “changer de crèmerie” !  Le but premier de toute activité commerciale est qu’il vienne se servir chez nous plutôt que chez un concurrent  et qu’il y revienne.Lire la suite