“Patron incognito”… aveugle et sourd : ou comment organiser sa méconnaissance du terrain.

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L’émission de M6 peut paraître neuneu, ou pour le moins convenue au premier abord. Mais en y regardant de plus près, elle est riche d’enseignements. Quoique ce ne soit pas sa destination, c’est aussi une véritable grille de lecture des travers ordinaires de l’entreprise à la française.
Bien sûr, certaines entreprises exposées sont plutôt vertueuses (le mérite en revient probablement à leur patron) et ça se voit. Cette critique ne les concerne qu’à la marge. Si elles me lisent elles se reconnaîtront. Pour les autres, il y a du boulot !
Certes, l’uniformité du format appartient à la production. N’empêche que la redondance des caractéristiques révélées sur l’organisation et les prémisses du modèle commun d’entreprise est saisissante. En empilant les épisodes, on commence à comprendre pourquoi la plupart de ces patrons a besoin de mouiller la chemise (nécessairement en se déguisant) pour, enfin, savoir ce qui se passe vraiment au cœur de leur boutique.

« Terra incognita »

Il est quand-même extraordinaire qu’un patron, disposant de tous les leviers et tous les pouvoirs dans sa boîte, ait besoin d’une immersion, par le truchement d’une émission de télé-réalité, pour découvrir le fin mot des vérités de SON terrain.

On se dit « mais que fait la police ? ».Lire la suite

Emploi : place aux vieux !

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Les recruteurs ne veulent pas des « vieux ». C’est désormais un automatisme « sociétal ». Quand on y regarde de près, il apparaît que les raisons financières et statutaires à ce rejet systématique sont en fait des prétextes. Ne pas recruter les demandeurs qui  entrent dans leurs quinze dernières années de carrière relève de préjugés du même ordre que la couleur de peau, les origines sociales, l’exclusion des femmes des postes de management ou le barrage à l’accès au management pour les maîtrises.

Hypocrisies

Ça fait partie des  trop nombreux partis pris de la gangue idéologique qui obscurcit et dégrade les critères du recrutement.

Encore une fois, c’est moins la bêtise propre des recruteurs qui en est à l’origine mais plutôt la pression diffuse s’exerçant sur eux de la part des managements commanditaires du recrutement.
Le phénomène mérite d’être interrogé, en tous cas du point de vue des demandeurs d’emploi. Il y a là-dedans à boire et à manger. Le démêlage des ressorts peut être utile à une révision des stratégies et des comportements de recherche t de candidature.Lire la suite

Un crocodile dans la mare aux canards.

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Portrait d’un très brillant apparatchik, particulièrement toxique.

Je devrais dire que cette histoire est une pure fiction… Toute ressemblance avec une personne réelle serait évidemment fortuite. Mais j’avais envie de vous la narrer, pour le « fun » comme disent les gamins.

Imaginez un grand groupe national, par exemple dans le secteur des services. Et plus spécialement une organisation se voulant humaniste, différente, non capitalistique par essence, porteuse de valeurs de respect, dans le genre collaborative, mutualiste, collaborative, associative, etc. ; du moins selon un affichage publicitaire revendiqué qui frise au prosélytisme.

Déclinée en entités régionales, elle a une forte identification locale.
Imaginez encore que sa structure régionale commandite, à un grand opérateur spécifique de son secteur, une formation au « tutorat » pour l’ensemble de ses cadres. Dire que la démarche est intégriste serait abusif, mais elle se veut exhaustive. Il y a des financements à la clé et tout un dispositif dans le cadre d’une démarche managériale volontariste.Lire la suite

Etes-vous « recrutable » ?

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Il existe une sorte de non-dit consensuel autour du recrutement. De quelque côté qu’on se place, employeur, candidat, recruteur, il reste un sujet tabou dans les communications officielles : l’attractivité personnelle (réelle et/ou perçue) des candidats. On peut le constater dans les forums, les articles, les discussions de toute nature sur le sujet jusque dans les pubs des cabinets : la question est à peine effleurée.

Expert en panne

Dans de très nombreux cas, excepté le candidat lui-même, tout le monde dans son entourage (recruteur, RH, collègue, etc.) sait que celui-ci va ramer longtemps ou rester sur le carreau. Ceci n’a rien à voir avec ses qualifications, son parcours ou son expérience. Autrement-dit, à références égales, certains ont toutes les chances d’aboutir, beaucoup d’autres de rester indéfiniment en panne.
Pire, des postulants moins bien dotés au plan professionnel prendront la place, là où des détenteurs de CV parfaitement adéquats se feront jeter. Lire la suite

Faut-il mettre une lettre de démission sur la table pour être embauché ?

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Une amie entrepreneure qui recrutait a eu cette proposition d’une candidate qui la voyait réticente. Elle l’a embauchée, en a été très satisfaite, et n’a jamais fait usage de la lettre.

Cette histoire m’a frappé. La stratégie de cette candidate a été payante. Elle a offert une souplesse exceptionnelle à son employeur potentiel, en débordant d’elle-même les contraintes légales.
Le message direct est clair : « vous pouvez me tester, ça ne vous engage à rien ». Mais il y en avait un autre, induit, porté par la posture : « c’est moi qui prend le risque, pas vous ». Implicitement celui-ci contenait d’autres signifiants :Lire la suite

Des fautes de conduite qui plombent irrémédiablement une candidature

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Par les temps qui courent, il devient de plus en plus difficile de se faire recruter.
La concurrence est rude. Beaucoup de candidats, de tous âges et de toutes compétences, ne savent plus à quel saint se vouer. Les échanges sur les réseaux sont significatifs de cette recherche de leviers, de trucs, de la méthode miraculeuse. Tout le monde l’a compris, elle n’existe pas.

Les postures néfastes

Cependant il est possible de ne pas affaiblir sa candidature, voire de l’optimiser au moment crucial de l’entretien (quand on a réussi à l’obtenir). Mais ça reste un pari. On va voir comment.
J’observe les recrutements depuis un demi siècle (et j’en ai vécu quelques-uns il y a plus longtemps). J’en ai réalisés aussi pour mon cabinet et pour des clients. Le constat est intéressant : une grande majorité des candidats commet de grosses erreurs, lourdes de conséquences sur leurs chances d’être retenus.
Je suppose que cet éclairage, assez décalé des approches convenues, pourra faire réagir vivement quelques recruteurs ; mais bon, ce n’est que le fruit de mon expérience et de mes observations. Il a le mérite d’être pragmatique et sera peut-être utile à quelques candidats.

N’être que son CV

La première, la plus répandue, est de s’accrocher à l’inventaire de ses diplômes, ses qualifications, ses expériences, etc.  Comme à un arbre magique. Comme si cet étalage avait le moindre pouvoir de conviction réelle sur la plupart des recruteurs ; comme si ça pouvait, si ça devait suffire.  Au-delà, on reste sec ou un peu perdu. C’est oublier plusieurs choses.

Sauf cas exceptionnel où vous disposez d’une compétence très rare, pointue, vitale pour l’entreprise, du point de vue du recruteur, votre bagage est archi banal. Il y a des parcours comparables ou similaires plein ses armoires, dont très probablement certains sont plus somptueux que le vôtre. En rajouter vous enfonce un peu plus dans la masse et l’ordinaire roboratif du recruteur.

Le profil technique n’est que le ticket d’accessibilité au droit de postuler. Comme un tamis à mailles standard qui retient des postulants théoriques dans un premier temps, indépendamment de leurs caractéristiques individuelles.

De toute façon, on ne retiendrait pas un candidat qui ne remplit pas de cette condition préalable.
Cela permet aussi aux recruteurs de ne pas perdre trop de temps dans des charges de sélection prégnantes. Après, il convient de les rencontrer pour creuser le sillon des vrais critères.

Connaissez-vous le coût induit de votre occupation de cet emploi  ?

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La performance scolaire aux antipodes de l’emploi.

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Les jeunes adultes diplômés des grandes écoles sont de plus en plus nombreux à échouer dans leur recherche d’emploi. Auparavant, ceux qui sortaient brillamment de leurs études supérieures trouvaient relativement rapidement un emploi correspondant à leur niveau, dans leur cadre d’orientation.

Désormais, seule une infime minorité peut vraiment compter sur son classement au sommet des concours pour obtenir une embauche quasi automatique, leur permettant de se projeter dans un job prestigieux.

Galère

Pour tous les autres c’est la galère. Peu s’en sortent comme ils le souhaitaient.
Certains disposent pourtant d’emblée de contacts qualifiés, propulsés par les réseaux familiaux de parents installés. Ils peuvent également s’appuyer sur les ressources parentales pour faire face aux frais de toute nature, pour assurer leurs inscriptions, leur hébergement, leurs déplacements au bout du monde. Ceci ne leur garantit pas pour autant la réussite.Lire la suite

L’indispensable casting des manageurs

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Les mauvais manageurs sont légions. En plus de vingt ans d’exercice du conseil, j’en ai croisés et vus sévir en ribambelles, dans toutes sortes d’organisations. A la louche, j’estime que le corps managérial comporte entre 5 et 10% de nuisibles invétérés, et un bon tiers de médiocres ou de bons à rien, ou, comme disait l’oncle du Schpountz de Pagnol, de « mauvais à tout » (ou presque).

Le destin de l’oursin

A quelque niveau qu’ils se trouvent, il semble que seules leurs hiérarchies n’aient pas conscience de leur état. Comme un oursin qui a fait son trou dans un rocher par ses rotations et a fini par s’y insérer en grandissant, sans plus jamais pouvoir en sortir, il paraît impossible de les éradiquer. Ce sont eux qu’on conserve en cas de rachat ou de restructuration. Ils font leur bonhomme de chemin dans les promotions et parviennent parfois aux plus hautes responsabilités, sans que rien ne semble s’opposer à leur ascension.

De fait, ils ne sont jamais évalués sur leur compétence effective, ni sur les effets de leurs conduites dans les entités qu’ils managent. Ils peuvent les rendre  inopérantes, voire en dégrader les ressources comme la performance, il n’empêche qu’ils sont promus.

On en a vu d’ouvertement idiots, lamentables, pérorer dans des réunions de COMEX, embolisant les travaux, annihilant les efforts des autres par leur évidente incurie ; tout le monde faisant comme si de rien n’était.

Tabou

Il existe donc une sorte de consensus pour protéger les imbéciles et les méchants, les incompétents, les tordus.Lire la suite