Délégation : Evaluez vos pratiques !

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On nous rebat les oreilles de la délégation. On nous dit régulièrement, en parlant des managers,  «  il faut les former à la délégation ». Ah bon, depuis le temps ne savent-ils toujours pas faire ? Est-ce si compliqué ?

Confusion délégation / autonomie.

A l’examen du problème, il apparaît que la « délégation » a le dos large : en fait les managers incriminés ne lâchent rien. Ils se mêlent et s’occupent de tout, interviennent à tout bout de champ dans les activités de leurs collaborateurs, tripotent à l’envi dans la moindre tâche, donnent leur avis, verrouillent les choix, mettent leur grain de sel (de sable ?) à toutes les cuisines.
Comme si toute l’activité leur appartenait, était leur terrain de jeu exclusif.
Comme s’ils savaient tout mieux faire que tout le monde.
Sous ce vocable syncrétique de « savoir déléguer » se cache donc souvent l’incapacité à organiser le travail, à délimiter ses propres missions, à exploiter les compétences et les intelligences des collaborateurs dans la réalisation de leurs propres attributions.

Ces formations qu’on nous réclame sont donc plutôt destinées à agir sur l’intention des managers de laisser leurs collaborateurs agir et s’exprimer pleinement.
Cependant, il arrive que le manager soit effectivement amené à confier, à un collaborateur, la réalisation d’un acte qui relève normalement de ses propres attributions. Auquel cas il s’agit bien de délégation. Comment fait-il ? En général il reproduit en l’occurrence son système de conduite habituel. Mais, comme il s’agit d’une tâche qui lui appartient, le manager interventionniste tend à :

  • Contrôler un peu plus intimement certains éléments en réservant des zones cachées dans les paramètres de l’opération.
  • Intervenir de façon anecdotique en cours d’exécution, sans nécessairement en informer le délégataire.
  • Considérer que l’autre doit savoir, penser, paraître et agir comme lui-même le ferait ; conformément à des évidences qui relèvent de ses traits de caractère particuliers (sinon c’est un imbécile…).
  • Simultanément se débarrasser des éléments qui l’ennuient, le contrarient ou qu’il ne saurait résoudre : à l’autre de s’en débrouiller soi-disant « pour montrer sa valeur ».
  • Pour finalement l’incriminer de tous les défauts possibles, y compris sur des critères non identifiés au départ, malgré la désinformation, les moyens absents et un mandat non annoncé à l’entourage.

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La productivité négative des appareils

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A partir d’une certaine taille, les organisations tendent à développer leur « appareil », c’est-à-dire l’ensemble des sous-structures destinées à maîtriser leur fonctionnement. L’appareil est ce qui reste après qu’on ait déduit les entités productives et opérationnelles (conception, production, logistique, achats, commercialisation…).
Evidemment la gouvernance et le management font partie de l’appareil. Il est donc partout puisque le management se ramifie jusqu’au cœur de l’opérationnel.

Service et nuisance

Naturellement les missions de l’appareil devraient être d’optimiser la performance, la rentabilité, la valeur de la prestation, l’économie et l’écologie de la production, la réussite des politiques et des stratégies, la pérennité et la notoriété du système, ainsi que la valorisation sociale des acteurs (si ça fait partie de sa politique). Nous verrons que ce n’est pas toujours le cas.

Par essence, l’appareil ne produit pas de valeur ajoutée, il en consomme. Il est cependant censé en générer indirectement.

D’une part il est supposé la garantir, par son existence, en empêchant les erreurs de ciblage, la dispersion, la cacophonie, les dépenses abusives, la non-qualité… D’autre part il est supposé créer des augmentations de la valeur par la pertinence de son intervention  sur tous les paramètres.
Mais ce qui devrait être un « service » tend spontanément à devenir une source de nuisance. Lire la suite